EMMANUEL LACOSTE

RÉSIDENCE DE CRÉATION

De novembre 2024 à mars 2025

Derrière l’obscurité…

Un partenariat imagespassages et L’Angle – espace d’art contemporain avec la participation de la Fondation Salomon,  et Archipel Art Contemporain à Saint Gervais.

Dans la perspective de l’exposition « Forces invisibles », projet co-produit par l’Angle et imagespsassages, Emmanuel Lacoste est accueilli en résidence pour la production de sa pièce Derrière l’obscurité qui prendra les formes d’une installation, d’une performance et d’une vidéo.

Depuis plus de vingt ans, Emmanuel Lacoste pratique la performance comme terrain d’expérimentation où le corps devient à la fois surface d’inscription et d’interaction, support de questionnement et de revendication. Son travail explore les limites et la porosité entre l’intérieur et l’extérieur, entre le visible et l’invisible, entre l’individu et son environnement. L’artiste interroge la manière dont l’individu se définit dans son rapport au monde, aux normes et aux contraintes sociales. La peau est alors envisagée comme une interface sensible, un territoire de transmission et de passage où s’entrelacent mémoire, émotions et identité.

À travers ses performances, Emmanuel Lacoste propose des expériences où le spectateur repense sa relation au corps, au sien comme à celui de l’autre. Il y convoque différentes références culturelles issues de croyances et pratiques vernaculaires (gestes, rituels, objets…). En explorant la matérialité de l’enveloppe charnelle, il met en lumière ses failles, sa plasticité et sa capacité à véhiculer des récits multiples, faisant des gestes une prise de parole et des interactions une possibilité de transformation. Par l’usage de fluides corporels, d’implants, de prothèses ou d’extensions, l’artiste travaille les limites et les prolongements du corps humain, cherchant à en repousser la définition. Il plonge le spectateur dans un état de trouble et d’incertitude. L’image du corps se fragmente, se dissout, échappant à toute tentative de saisie.

Dans l’installation Constellations présentée à L’Angle, Emmanuel Lacoste assemble différents éléments résultant d’une expérience performative et rituelle. Des miroirs suspendus recouverts d’une fine couche de peinture noire sont comme rayés, griffés par un mouvement rotatif. Ils forment un cercle dans lequel le spectateur est invité à entrer et percevoir de manière incertaine, sa propre silhouette démultipliée. À côté, un écran diffuse une vidéo où l’on peut reconnaître des stèles scintillantes installées dans un environnement bétonné, et un corps en mouvement semblant invoquer les astres. Enfin, des structures en fine chaîne sont exposées, leurs formes rappellent celles de mains démesurément allongées. Comment reconstituer le temps de la performance avec ces traces et ces indices ? Il s’est passé quelque chose, à nous spectateurs d’en reconstruire le déroulement. 

« Gratter le noir pour retrouver mon reflet, gratter la noirceur pour me retrouver »

Pour l’artiste, cette performance relève de l’expérience physique, d’une tentative de lâcher prise de la maîtrise du geste. Dans cette œuvre, Emmanuel Lacoste explore les liens entre démarche cathartique et processus créatif. En faisant appel à la pratique de la danse giratoire spirituelle Samâ, l’artiste s’abandonne à une litanie gestuelle, une psalmodie physique où la transe devient un espace de passage et de guérison, mais aussi un outil de transmission dont le corps serait le véhicule. Dans l’exposition, les miroirs portent les stigmates de cette tentative, à l’instar de la peau de l’artiste devenue surface d’inscription des traces du passé.
Pauline Boucharlat

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